Constituante du Venezuela, de l'or pour la médiacratie anti-Mélenchon (1)

À quelques détails près, on peut penser que les informations données par les médias français et britanniques à propos du Venezuela sont les mêmes… Sauf que — je ne sais pas vous — mais j'ai été effaré par le nombre de fois ou le mot constituante était utilisé dans la titraille de nos médias français, alors que l'équivalent en anglais constituent, n'était que très rarement utilisé dans la titraille britanniques. Mais pourquoi donc me suis-je dis ?

Mais bon sang mais bien sûr !

Mon hypothèse est que si le mot constituante est quasi systématiquement associé aux événements vénézuéliens, dans la titraille française, c'est aussi parce que le mot constituante renvoie très fortement à une proposition majeure du programme présidentiel de la France Insoumise (l'Avenir en commun), et que la médiacratie à pour objet d'affaiblir ce mouvement jugé dangereux par les quelques milliardaires qui la possèdent, et les journalistes qu'ils ont choisis, tous atteints de macronite.

Ainsi, l'occasion était trop bonne pour la médiacratie d'associer massivement les catastrophes vénézuéliennes à la seule constituante devenant, surtout dans l'esprit des gens qui ne lisent que les titres, la mère de tous les maux. La démarche étant de nous montrer par l'exemple (simplifié, mais ils simplifient toujours) ce vers quoi la constituante de Mélenchon pourrait nous emmener, à savoir le chaos. L'association négative est renforcée répétitivement sur la base des mots adjacents utilisés dans la titraille (morts, coup de force, limoger, dissidence, anéantir, dictature, assiéger, blocage, rupture d'ordre démocratique, révoquer, etc.). Quand ces mots ne sont pas adjacents à constituante, ils le sont de Vénézuéla, et comme Vénézuéla est clairement associé à constituante, ça marche encore1. Bref, là où dans leurs titres, ils pourraient utiliser le mot neutre Assemblée, ils optent plutôt pour le mot constituante chargé d'un double sens ici en France. Coup de latte à Mélenchon.

À grands coups de titraille, notre quatrième pouvoir libre impose l'idée que le chaos du Vénézuéla est lié à leur Assemblée constituante. Tout naturellement, nous en déduisons que les mêmes causes produiraient les mêmes effets en France. L'incidence sur Mélenchon et la France insoumise est forcément dévastatrice, de plus comment se défaire d'une idée gravée dans tous les esprits, comme on impose un message publicitaire ?

Fumer tue ! La constituante aussi à en croire Europe 1 Venezuela : dix morts dimanche lors de l'élection de l'Assemblée constituante, le 31 juillet 2017.

Vous voulez des preuves

Dans les deux graphiques Google Trend ci-dessous, on peut voir qu'il n'y a qu'en France (1er graph) que les termes constituante et Assemblée constituante sont recherchés significativement sur internet (fin juillet). Comment cet intérêt franco-français pourrait s'expliquer sinon par l'utilisation massive du mot par les médias français sur la période ? Et donc la création d'un intérêt du fait de la répétition.

Au Royaume-Uni (2nd graph), quand les médias ne polarisent pas spécialement sur ce mot (et pour cause ils ne se battent pas contre les idées de la France Insoumise), les gens ne recherchent ni constituent ni constituent assembly de manière significative, et la courbe britannique reste plate.


1 Sans parler des associations diverses et variées Mélenchon / Amérique du sud et donc Vénézuéla. Comme par avec cet article parmi beaucoup beaucoup d'autres Jean-Luc Mélenchon s’explique sur «l’alliance bolivarienne», Libération, 14 avril 2017. Extrait : l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba) est un projet régional d’intégration économique et politique. Elle rassemble l’Equateur, le Venezuela, Cuba, la Bolivie, le Nicaragua et plusieurs petits pays des Antilles tels que la Dominique, Saint-Vincent et les Grenadines, Sainte-Lucie ainsi que Antigua et Barbuda.